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Typographisation de la langue dans le processus de formation de la langue nationale 국민어 형성 과정에서의 활판 인쇄술 발전
  • 비영리 CC BY-NC
ABSTRACT
Typographisation de la langue dans le processus de formation de la langue nationale

이 논문은 국민어의 형성 과정에서 문어의 발달이 가장 기본적인 요건임에 주목하고 문법도구의 형성(grammatisation)과 함께 문어의 발달에 필수적인 활판 인쇄술의 발전(typographisation)이 국민어의 형성 과정에서 어떤 위치를 차지하고 어떤 영향을 미쳤는지를 프랑스어와 한국어의 국민어 형성 과정을 통해 살펴보았다.

먼저 한국어로는 하나의 단어로 표현하기 어려운 ‘활판 인쇄술 발전'의 개념을 인쇄술(특히 활판 인쇄술)의 출현 및 확산과 함께 문어의 지평이 변화하는 과정으로 정의하고, 인쇄술의 발전이 문어의 대중화를 통해 가상의 공동체로서의 국민의 수립에 필수적인 국민어의 형성에 기여해 왔음을 확인하였다.

다음으로 근대 국민국가의 대표적 모델 중의 하나인 프랑스와 근대 식민지기 경험에도 불구하고 국민국가로의 성공적 발전 모델로 평가되는 한국을 대상으로 활판 인쇄술의 발전 과정을 구체적으로 살펴보았다.

이상의 논의를 통해 한국에서의 활판 인쇄는 이미 12세기부터 시작되었고, 한국어의 활판 인쇄술 발전은 15세기부터 그 모습이 발견되었지만, 진정한 의미에서의 활판 인쇄술 발전은 훨씬 나중인 19세기 후반에 와서야 이루어졌음을 확인할 수 있었다. 반면에 프랑스에서의 활판 인쇄술 발전은 한국보다 훨씬 늦은 15세기부터 나타나기 시작했지만, 16세기부터 곧바로 진정한 의미에서의 활판 인쇄술 발전을 가속화하는 모습을 확인하였다.

이러한 차이는 한국의 경우에는 19세기 이전의 활판 인쇄술이 한글이 아닌 한자 서적을 중심으로 적용되었고 한국어 문법서나 사전과 같은 문법도구의 형성도 거의 이루어지지 않았지만, 프랑스에서는 활판 인쇄술이 16세기부터 서유럽 공통의 로마자 알파벳으로 쓰인 서적을 중심으로 적용 되었고 프랑스어 문법서나 사전의 발간도 함께 이루어졌기 때문인 것으로 설명할 수 있다.

KEYWORD
typographisation , langue ecrite , langue nationale , le francais , grammatisation
  • 1. Introduction

    Dans le dévelopement de la langue, le passage à l’écrit de variétés jusque-là confinées à l’oralité a marqué une véritable révolution, non seulement pour les pratiques langagières, mais aussi pour la conscience humaine.1) Dans ce sens, plus que n’importe quelle simple invention, l’écriture a transformé et reconstruit la conscience humaine.2) De plus, la langue écrite a toujours fonctionné comme une base fondamentale pour la formation de la langue nationale, car la langue écrite possède une fonction que la langue orale n’a pas, à savoir une fonction à fixer dans un certain temps et à visualiser dans un certain espace les relations entre langue et nation.

    Le système d’écriture d’une langue peut être tantôt le produit de sa propre histoire, comme la plupart des langues nationales européennes, tantôt un emprunt à celui d’une autre langue, comme tel est le cas pour nombre de langues nationales africaines qui sont écrites en alphabet latin. Mais, quel que soit le cas, le système d’écriture est pratiquement indispensable pour qu’une langue puisse devenir le symbole visible et constant d’une nation. Et ce système d'écriture est toujours basé sur les deux phases de formation concernant le dévelopement de la langue écrite: la grammatisation et la typographisation. C’est pourquoi nous nous sommes intéressés d’abord à la grammatisation de la langue comme une phase de développement de la langue écrite,3), ensuite nous allons traiter la typographisation de la langue comme une autre phase de développement de la langue écrite. Cet article a donc pour objectif d'examiner le statut et l'influence de la typographisation dans le processus de formation de la langue nationale, en comparant le cas du français avec le cas du coréen

    1)Tae-Rin Cho, “Grammatisation du coréen dans le processus de formation du coréen national”, Histoire Épistémologie Langage, Tome XXVIII, Fasc. 2, 2006, pp.54-55.  2)Walter J. Ong, Orality and literacy: The technologizing of the word, London - New York, Routledge, 1982/1988, p.78.  3)Tae-Rin Cho, op. cit. pp.53-61. Le terme de ‘grammatisation’ a été utilisé pour la première fois par Renée Balibar(1985: 168) pour désigner le processus d'enseignment de la grammaire, mais son concept a été davantage affiné par Syvain Auroux(1992). Selon lui, la grammatisation est “le processus qui conduit à décrire et à outiler une langue sur la base des deux technologies, qui sont encore aujourd'hui les pilliers de notre savoir

    2. Concept et caracteristique de la typographisation

    Par le terme de ‘typographisation’, nous désignerons le processus qui transforme la dimension d’une langue écrite avec l’apparition et l’extension de l’imprimerie. Tout d’abord, cette technique de reproduction en série de textes au moyen de caractères mobiles en métal a fondamentalement modifié la vie intellectuelle. Il est même difficile d’imaginer aujourd’hui ce que pouvait être la culture livresque dans des sociétés qui connaissaient l’écriture, mais ignoraient l’imprimerie.

    Contrairement aux livres imprimés, les manuscrits étaient multiformes. Les ouvrages n’étaient reproduits que par leur auteur ou par des copistes groupés en de petits ateliers spécialisés, mais la plupart des exemplaires en circulation étaient des recueils de notes ou des copies réalisés pour leur usage personnel par des étudiants, des ecclésiastiques ou des lettrés, et passés ensuite de main en main. On retrouve dans ces ouvrages de multiples cloisonnements et l’existence de modèles culturels fortement tranchés selon les époques, les milieux et les lieux.4)

    Avec l’imprimerie, la multiplication d’un même texte est devenue possible, et en abaissant considérablement le coût de chaque exemplaire, on en a accru la diffusion. Le développement de l’imprimerie a favorisé l’évolution des langues vernaculaires5) qui possédaient une écriture mais sans uniformité orthographique et grammaticale, parce que les imprimeurs typographes ont besoin de l’orthographe, de la ponctuation et de la régularisation de la morphologie.6) En cherchant à atteindre une clientèle la plus vaste possible, les éditeurs-imprimeurs ont été tout naturellement amenés à favoriser l’essor des langues vulgaires (par rapport au latin) dans bien des domaines. Ils ont eu tendance à éliminer les fantaisies orthographiques de nombre d’auteurs et les expressions dialectales qui risquaient de rendre le livre moins facilement accessible à un vaste public.7)

    Dans ce sens, l’imprimerie représente un important apport technologique multipliant l’efficacité des outils de la grammatisation.8) La grammatisation des langues vernaculaires n’est pas antérieure, mais plutôt postérieure à l’apparition et à l’extension de l’imprimerie. En effet, les débuts de l’imprimerie en Europe datent des années 1430 à 1450. Notons qu’un procédé comparable était déjà utilisé en Extrême-Orient, surtout en Corée, depuis quelques décennies au moins',9) c’est-à-dire bien avant le processus de véritable grammatisation qu’il soit asiatique ou européen.

    Il va de soi que le développement de l’imprimerie n’a pas joué seulement en faveur des langues vernaculaires au détriment d’une langue véhiculaire10) et dominante de l’époque, comme le latin ou le chinois. Par exemple, lors des premiers temps de la typographisation en Europe, c’est la diffusion des ouvrages en latin qui profite de ce formidable moyen de diffusion qu’est le livre imprimé. Il faut donc attendre le XVIIe siècle pour que les imprimés en langues vernaculaires occupent une place significative dans l’édition, dans un paysage européen qui sort d’une époque où imprimeurs et milieux intellectuels étaient étroitement imbriqués.11) On peut aussi trouver la même situation dans les premiers temps de la typographisation en Extrême-Orient, surtout en Corée où la plupart des livres imprimés sont, même jusqu’au XIXe siècle, des textes bouddhiques ou confucéens écrits en caractères chinois malgré l’existence de l’écriture alphabétique coréenne inventée au XVe siècle.

    Cependant, étant liée au renforcement du pouvoir central des Etats territoriaux ou absolutistes qui voulaient susciter une prise de conscience nationale, et surtout à l’évolution de la loi du marché cloisonné par ce système d’Etat, la typographisation a sûrement joué un rôle important pour la grammatisation des langues vernaculaires qui deviendront un jour langue nationale.

    En effet, nous dit Benedict Anderson,12) les langues d’imprimerie ont jeté, en Europe, les bases de la conscience nationale de trois façons bien distinctes. En tout premier lieu, elles ont créé, au-dessous du latin mais au-dessus des langues vernaculaires parlées, des champs d’échange et de communication unifiés grâce auxquels ces co-lecteurs associés par l’imprimé formaient un embryon de communauté nationale imaginée. En deuxième lieu, le capitalisme de l’imprimé a donné au langage une fixité inédite qui, à la longue, contribuait à forger l’image d’ancienneté tellement capitale pour l’idée subjective de nation, parce que le livre imprimé conservait une forme permanente, susceptible d’être reproduite quasiment à l’infini dans le temps aussi bien que dans l’espace. En dernier lieu, le capitalisme de l’imprimerie a créé des langues de pouvoir d’une toute autre nature que les anciennes langues administratives vernaculaires, par conséquent la langue d’imprimerie est devenue un facteur important pour la formation d’une nation.

    Bien que la formation concrète des Etats-nations contemporains ne soit pas du tout isomorphe à la portée déterminée des langues d’imprimerie, la convergence du capitalisme et de la technologie de l’imprimerie13) a engendré la possibilité d’une nouvelle forme de communauté imaginée qui a créé les conditions de la nation moderne et de la langue nationale.14) Surtout dans le contexte de la diversité des langues des nations européennes et du développement du capitalisme marchand, l’apparition de l’imprimerie a constitué un moteur décisif pour la grammatisation et la standardisation des langues vernaculaires européennes.15) Dans ce sens, la typographisation pourrait être considérée comme l’une des premières phases de la formation de la langue nationale.

    4)H.-J. Martin, Histoire et pouvoirs de l’écrit, Paris, Albin Michel, 1988/ 1996, pp.181-182.  5)Dans les dictionnaires d’usage courant, la ‘langue vernaculaire’ est généralement définie comme une langue parlée seulement à l’intérieur d’une communauté, souvent restreinte. Cette définition tient compte du sens étymologique du mot ‘vernaculaire’, c’est-à-dire du sens du mot latin vernaculus ‘indigène, domestique’, de verna ‘esclave né dans la maison’. Dans ce sens, on considère souvent la langue vernaculaire comme une langue dont la diffusion à l’extérieur de la communauté est très faible. Toutefois, nous pensons qu’il vaut mieux définir la langue vernaculaire comme “une langue utilisée dans le cadre des échanges informels entre proches du même groupe, comme par exemple dans le cadre familial, quelle que soit sa diffusion à l’extérieur de ce cadre”, car il arrive que des langues de large extension puissent être pratiquées dans le cadre, non seulement étendu, mais aussi restreint des échanges familiaux, des relations de voisinage, etc. (Calvet 1997: 292).  6)Sylvain Auroux, “Introduction : Le processus de grammatisation et ses enjeux”, in S. Auroux(dir.), Histoire des idées linguistiques, Tome 2, Le développement de la grammaire occidentale, Liège, Mardaga, 1992, pp.25-26.  7)L. Febvre et H.-J. Martin, L’apparition du livre, Paris, Albin Michel, 1958/1971, p.440.  8)A.-M. d’Ans, “Grammatisation”, in M.-L. Moreau(éd.), Sociolinguistique: Concepts de base, Liège, Mardaga, 1997, p.157. Il faut ici différencier le terme de ‘grammatisation’ et celui de ‘grammaticalisation’. Ce second terme est d’abord utilisé en linguistique diachronique pour désigner le processus dans lequel “un morphème lexical, au cours de l’évolution d’une langue, ou dans la transformation d’une langue en une autre, est devenu un morphème grammatical”(Dubois 1994: 226). Ensuite, ce terme de grammaticalisation s’est développé pour désigner, au-delà du morphème, tout le processus diachronique d’intégration à la grammaire de phénomènes phonétiques ou lexicaux isolés qui finissent par acquérir les caractères de traits grammaticaux.  9)H.-J. Martin, op. cit., p.178.  10)Nous avons déjà constaté que, dans certains cas mais pas toujours, la langue vernaculaire peut s’opposer aux langues de large extension. Ces dernières langues sont souvent utilisées pour l’intercommunication entre des locuteurs ou des groupes de locuteurs n’ayant pas la même langue première et, pour cette raison, on parle de 'languevéhiculaire' (Calvet 1981). Pourtant, cette relation oppositionnelle entre langue vernaculaire et langue véhiculaire ne signifie pas une opposition conceptuelle entre la ‘pure’ langue ayant ses locuteurs natifs et sa version ‘déformée’ sans locuteurs natifs, et ne concerne pas non plus le point de vue selon lequel la langue véhiculaire est considérée comme une langue approximative ou approchée d’autre dans une hiérarchie des langues (Renaud 2000: 50-53).  11)Daniel Baggioni, Langues et nations en Europe, Paris, Payot, 1997, pp.111-112.  12)Benedict Anderson, Imagined communities: Reflections on the origin and spread of nationalism(Second edition), London, Verso, 1991.; tr. fr.: L’imaginaire national : Réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme, Paris, La Découverte, 1996, pp.55-56.  13)Selon Walter J. Ong(1982/1988: 118-119), la première chaîne de montage, technique de fabrication qui permet de produire en série des objets identiques et complexes constitués de pièces remplaçables, n’a pas été celle qui a fabriqué des fourneaux ou des chaussures mais celle qui a conçu le livre imprimé. A la fin du ⅩⅧe siècle, la révolution industrielle a appliqué à d’autres fabrications ces techniques de pièces remplaçables qui avaient déjà fonctionné durant trois cents ans.  14)Benedict Anderson, op. cit., p.57.  15)Sylvain Auroux, “Introduction”, in S. Auroux(dir.), Histoire des idées linguistiques, Tome 1, La naissance des métalangages en Orient et en Occident, Liège, Mardaga, 1989, p.29.

    3. Typographisation du francais

    Comme la plupart des autres cas européens, la grammatisation du français n’a pas précédé l’apparition et l’extension de l’imprimerie en France. Si la première a véritablement débuté au XVe siècle, la deuxième a bien commencé dès la moitié du XVe siècle. La technique de l’imprimerie mise au point depuis 1448 dans les ateliers de Gutenberg et de Fust et Schoeffer à Mayence, berceau de l’imprimerie, n’a pas été monopolisée plus d’une dizaine d’années. Dès 1458, le roi de France, Charles VII envoyait Nicolas Jenson s’informer à Mayence des nouveaux procédés, et dès l’année suivante, une Bible était imprimée à Strasbourg.16) La production de livres au XVe siècle était surtout le fruit du labeur d’imprimeurs stables qui avaient pu développer leur activité dans des villes où une demande suffisante permettait le fonctionnement régulier de leurs presses. C’est pour cette raison que les ateliers typographiques étaient implantés dans des villes universitaires comme Paris où s’est installée la première imprimerie en 1470.17)

    Au XVIe siècle, ce mouvement a continué. C’est surtout dans la première partie du siècle que l’imprimerie a en France connu une activité exceptionnelle. Des ateliers ont été créés dans plusieurs villes, on en dénombre 39 dans toute la France. Parmi les villes françaises, Paris et Lyon semblaient être, avec Venise, les centres les plus actifs de toute l’Europe.18) Mais avant tout, “siège de la plus grande université d’Europe, capitale d’un vaste royaume, réputée pour ses industries de luxe et carrefour routier, Paris ne manquait pas d’atouts pour devenir un très grand centre d’édition”.19)

    Il est vrai que, comme nous l’avons déjà indiqué, le premier bénéficiaire de ce développement de l’imprimerie n’a pas été les langues vernaculaires européennes, mais plutôt le latin. Dans la masse des livres européens imprimés avant 1500, 77% de livres était écrits en latin contre 7% de livres en italien, 5 à 6% en allemand, 4 à 5% en français, etc. Les textes religieux dominaient avec 45% environ de la production.20) En effet, la publication des textes religieux en latin paraissait logiquement aux imprimeurs et libraires plus rentable à l’époque où la majorité des lecteurs étaient des clercs.

    Pourtant, dès le XVIe siècle, le latin a commencé à perdre du terrain, et la production des livres publiés en langue vernaculaire a augmenté pour des raisons économiques, plus précisément, à la recherche d’une clientèle la plus vaste possible. La production parisienne témoigne de ce progrès indiscutable des langues vernaculaires.

    [] Production des livres imprimes a Paris au XVIe siecle21)

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    Production des livres imprimes a Paris au XVIe siecle21)

    Ainsi, l’imprimerie a favorisé le développement de la littérature en français et la promotion du français au rang de langue littéraire, d’abord aux côtés du latin, puis en ayant éliminé le latin. Or, ce processus de typographisation du français a naturellement nécessité une certaine uniformité principalement orthographique mais aussi grammaticale. Grâce à un long travail entrepris au sein de la Chancellerie royale et dans les cours de justice par les gens de loi, grâce aux efforts tenaces d’un pouvoir royal relativement fort, le français écrit avait déjà atteint un certain degré d’uniformité, mais la question orthographique a commencé à préoccuper plus ou moins tous ceux qui se souciaient de faire du français une langue cultivée.

    Dans ce contexte, certains imprimeurs humanistes du XVIe siècle, comme Geoffroy Tory ou Etienne Dolet, figurent au premier rang de ceux qui se sont efforcés de réformer la langue. Cependant, la fixation de l’orthographe n’a pas été accomplie en vertu de règles établies a priori par des théoriciens plus ou moins novateurs, mais en fonction des usages acquis par les gens de la haute société comme la chancellerie royale, le Parlement et la Chambre des comptes. On y trouve à nouveau Robert Estienne qui, au XVIe siècle, a joué un rôle déterminant dans la fixation de l’orthographe française. Imprimeuréditeur avant tout, mais aussi lexicographe, Estienne a publié des dictionnaires bilingues français-latin, en adoptant l’orthographe déjà généralisée dans la haute société. Donc, “rien de révolutionnaire, mais un instrument de travail commode à consulter qui devait rallier le monde de la basoche et les imprimeurs. Si bien que ce guide sûr ne tarda pas à s’imposer et à faire autorité”.22) Nous observons ici que la typographisation du français a précédé la grammatisation du français, mais que la première, pour parvenir à maturité, a eu besoin de la dernière. C’est surtout dès le XVIe siècle que la typographisation du français est allée de pair avec la grammatisation du français.

    Par ailleurs, la typographisation du français, comme d’autres cas européens, a établi les bases de la conscience nationale française. La typographisation du français a créé, au-dessous du latin mais au-dessus du français parlé, des champs d’échange et de communication unifiés grâce auxquels des co-lecteurs associés par l’imprimé formaient un embryon de communauté nationale imaginée. De surcroît, elle a procuré au français une fixité inédite qui, à la longue, a contribué à forger l’image d’ancienneté tellement capitale pour l’idée subjective de nation, parce que le livre imprimé conserve une forme permanente, susceptible d’être reproduite quasiment à l’infini dans le temps aussi bien que dans l’espace. Bien que, même à la veille de la Révolution française, le français ne fût pas la langue maternelle de la grande majorité des Français,23) on ne peut pas nier que le développement du français écrit, base substantielle du futur français national, s’est accéléré avec la typographisation du français.

    16)A. Labarre, Histoire du livre, Paris, PUF, 1970/2001, p.54. En 1480, des ateliers typographiques fonctionnaient dans 9 villes de France, et si l’on examine dans les répertoires d’incunables la production des livres imprimés entre 1480 et 1482, on trouve, à côté de Venise qui est devenue la nouvelle capitale des imprimeurs(156 éditions), 35 éditions à Paris, 28 éditions à Strasbourg et une vingtaine d’éditions à Lyon. Durant les années 1495-1497, l’écart entre Venise et les villes françaises s’est réduit significativement. Si Venise(447 éditions) demeure toujours au premier rang, deux villes françaises, Paris(181 éditions) et Lyon(95 éditions) la suivent(Febvre et Martin 1958/1971: 262-265).  17)A. Labarre, op. cit., p.57.  18)L. Febvre et H.-J. Martin, op. cit., p.271.  19)H.-J. Martin, op. cit., p.225.  20)20) L. Febvre et H.-J. Martin, op. cit., p.351.  21)Ibid., p.442.  22)Ibid., pp.449-450.

    4. Typographisation du coreen

    Comme nous l’avons déjà affirmé, la véritable grammatisation des langues vernaculaires n’est pas antérieure, mais plutôt postérieure à l’apparition et l’extension de l’imprimerie, et le cas de la Corée ne fait pas exception. Comme le dit Henri-Jean Martin,24) on obtient peut-être dès le XIIe et le XIIIe siècle, en Chine et en Corée, un certain nombre d’ouvrages au moyen de caractères métalliques mobiles. Par exemple, le Baegunhwasangtchorokbuljochikji simtcheyojeol (백운화상초록불조직지심체요절, Traité édifiant des patriarches bouddhiques rassemblés par le moine Baegun)(1377) de Corée de la dynastie de Koryeo, présenté en 1972 pour l’exposition commémorative de l’Année mondiale des livres et conservé actuellement à la Bibliothèque nationale de France, est reconnu officiellement comme le plus ancien livre imprimé dans le monde au moyen de caractères métalliques mobiles. Partant de là, André Fabre suppose que “cette nouvelle technique d’impression au moyen de caractères mobiles en métal a été introduite à partir de la Corée dans la Chine des Yuan et que de là elle gagna l’Europe via le monde arabe”.25)

    En fait, en Extrême-Orient, la technique de l’impression s’est développée très tôt avec l’apparition du papier qui avait été inventé en Chine vers le début du Ⅱe siècle de notre ère ou même avant l’ère chrétienne. On a souvent dit que le papier avait été inventé par le chinois Tsaï-Lun en 105 après Jésus-Christ. Toutefois, des découvertes récentes permettent de penser que le papier existait déjà au IIe siècle avant Jésus-Christ. Selon Byeng-Sen Park,26) très certainement la date de 105 après Jésus-Christ est une date arbitraire tout comme Tsaï-Lun le personnage qui officialisa le procédé de fabrication du papier.

    Le papier aurait très vite pénétré en Corée, puis au Japon au Ve siècle. La période durant laquelle les méthodes de fabrication du papier ont été introduites en Corée est incertaine, mais la proximité géographique et les relations socio-culturelles entre la Chine et la Corée suggèrent que cette date doit être très ancienne. Donc, l’importation du papier et des livres en Corée a dû apparaître, au plus tard, au IIIe siècle. Depuis la seconde moitié du IVe siècle, des missions bouddhistes chinoises ont été envoyées en Corée. Au Ⅵe siècle, des moines coréens ont étudié dans la capitale de la dynastie des Tang, alors que des moines, étudiants, artisans et peintres chinois séjournaient en Corée. Par ces échanges culturels, les techniques de fabrication des brosses, de l’encre et du papier se sont transmises en Corée, si bien que l’industrie du papier en Corée a dû commencer avant le VIe siècle environ.27)28)

    Grâce à ce support solide et léger, qu’est le papier, un système qui facilite la production de livres imprimés a pu se développer. C’était d’abord l’impression de textes et d’images au moyen de caractères en bois ou de planches de bois gravées en relief, à savoir la xylographie. Bien que les origines de la xylographie restent incertaines, on considère généralement que l’impression xylographique a débuté lors de la première moitié du VIIIe siècle en Chine sous la dynastie des Tang postérieurs.29)

    Pourtant, comme le suppose Pow-Key Sohn,30) il est très probable que la xylographie soit apparue quelque part en dehors de la Chine, c’est-à-dire en Corée ou au Japon, car les Coréens et les Japonais ont fourni beaucoup d’efforts pour recopier des textes chinois originaux et pour les diffuser dans leur pays très largement, cette ample distribution ayant pour but premier l’importation et la propagation du bouddhisme. Comme par hasard, la plus ancienne oeuvre xylographique retrouvée jusqu’à ce jour reste le MuguJeonggwangdaedaranigyeong(무구정광대다라니경, Grand dharani sutra de la lumière pure), texte publié en Corée du royaume de Silla, qui daterait de la première moitié du VIIIe siècle(entre 706 et 751).

    Quoi qu’il en soit, ce sont les Chinois et les Coréens qui ont mis au point l’impression xylographique. En fait, la xylographie de Corée de la dynastie de Koryeo aux XIe et XIIe siècles a fait des progrès importants, tels même qu’ils égalisaient les résultats obtenus par la Chine de la dynastie des Song.31) Par exemple, au début du XIIe siècle, la dynastie de Koryeo a fait imprimer le grand canon bouddhique coréen, Tripikata coréen connu sous le nom de Chojodaejanggyeong(초조대장경, Premier Tripikata Koreana), au moyen de planches de bois gravées dans le but de protéger le pays des invasions barbares. Lors de la première partie du XIIIe siècle, une autre reproduction du Tripikata coréen a été réalisée sous le nom de Jaejodaejanggyeong(재조대장경, Tripikata Koreana regravé) que l’on le nomme couramment aujourd’hui Palmandaejanggyeong(팔만대장경, Tripikata Koreana 80000), puisque le nombre total de nouvelles planches de bois gravées s’élève à 81155. Ces planches sont actuellement conservées au temple de Haeinsa en Corée du sud, en présentant encore un excellent état de conservation grâce à leur très bonne qualité issue d’une grande technicité.

    Or, comme nous l’avons déjà remarqué, dans la Corée de la dynastie de Koryeo, l’impression typographique s’est aussi développée dès le début du XIIe siècle. Ce sont les Chinois qui ont inventé pour la première fois les caractères mobiles, et ce durant la première partie du XIe siècle; Pi Sheng (ou Pil Seun) a inventé les caractères mobiles argileux entre 1041 et 1048,32) en évitant d’utiliser du bois à cause des irrégularités de sa trame et à cause de sa trop grande capacité à absorber l’encre.33) Pourtant, ces caractères mobiles en argile n’ont eu d’usage que peu de temps à cause de leur fragilité et on a rapidement cessé de les fabriquer. Durant le XIIIe siècle, la typographie a fait des progrès considérables avec le développement des caractères mobiles en bois, mais elle n’a pas pu surmonté leurs limites déjà citées. Il a donc fallu attendre encore quelque temps pour obtenir un usage véritablement pratique de la technique typographique, rendu enfin possible par l’invention des caractères mobiles métalliques.

    Il est certain que les caractères mobiles métalliques ont été pour la première fois utilisés en Corée de la dynastie de Koryeo. En important de la Chine la technique du moule en sable fin, la dynastie de Koryeo a fondu en 1102 la monnaie ‘Haedongtongbo(해동통보)’. La très grande finesse des détails de cette monnaie témoigne clairement que la technique des caractères mobiles métalliques n’allait pas tarder à voir le jour. En fait, un caractère mobile en bronze de Koryeo a été découvert lors de fouilles pratiquées en 1913, sa composition chimique étant approximativement la même que celle de la monnaie ‘Haedongtongbo’. Ce caractère est le plus ancien caractère mobile métallique connu au monde, son utilisation étant certifiée entre 1102 et 1232.34)

    De plus, dans la préface d’un recueil littéraire d’un ministre coréen Kyu-Bo Lee(1168-1241), un passage précise que 50 volumes du Gogeumsangjeongyemun(고금상정예문, Code authentique et détaillé de l’étiquette du passé et d’aujourd’hui) ont été imprimés avec des caractères mobiles métalliques. Il ne reste malheureusement aucun de ces volumes qui auraient pu prouver cette transition technique, mais cet écrit est bien le premier à mentionner l’usage des caractères mobiles métalliques pour l’impression d’un ouvrage.35) Ces faits historiques confirment que la dynastie de Koryeo a bel et bien utilisé les caractères mobiles métalliques pour publier des livres dès le XIIe siècle.

    Il semble que la technique typographique de la dynastie de Koryeo n’a pas été directement transmise à son successeur, dynastie de Chosun. Le Seojeokwoen(서적원, Service royal chargé des publications des livres), fondé la dernière année (1392) du règne de Gongyang, dernier roi de la dynastie de Koryeo, a continué à publier sous la dynastie de Chosun des livres au moyen des procédés xylographiques ou typographiques mais avec des caractères en bois. Par exemple, au début de la dynastie de Choseon, ont été publiés avec des caractères en bois le Daemyeonglyuljikhae(대명률직해, Traduction du code du grand Ming)(1395) et le Gaegukgongsinnokgweon (개국공신녹권, Certificat des sujets méritants au moment de la fondation de l’Etat)(1395).

    Pourtant en 1403, le roi Taejong(1400-1418), troisième roi de la dynastie de Chosun a établi la Jujaso(주자소, Fonderie royale) et a fait fabriquer des caractères mobiles en bronze, la fonte Gyemija(계미 자). Il s’agit de la première fonte de caractères mobiles métalliques que le roi lui-même a officiellement inauguré.36) Cette nouvelle fonte n’était pas seulement une technique permettant de surmonter l’usure rapide des planches gravées ou des caractères mobiles en bois, mais elle a aussi offert au roi Thaejong la possibilité de codifier et de propager la nouvelle politique de son royaume s’inspirant des doctrines confucéennes.

    Ensuite, des améliorations certaines se sont succédées sous le règne du roi Sejong(1418-1450) qui est connu comme un grand roi lettré et particulièrement savant et comme l’initiateur du nouvel alphabet coréen. La deuxième fonte Gyeongjaja(경자자) a été réalisée en 1420 et la troisième Kabin-ja en 1434. En particulier, la dernière fonte est beaucoup plus estimée pour sa meilleure maniabilité et sa remarquable régularité. Il est certain que ces trois fontes(1403, 1420 et 1434) ont été fabriquées avant l’apparition de l’imprimerie typographique en Europe.37) De plus, en 1436, le roi Sejong a fait fabriquer pour la première fois des caractères mobiles en plomb, la fonte Chinyangtaegun-ja, et ce pour obtenir des caractères plus larges qui donnent une meilleure lisibilité.38)

    Il s’en est suivi des améliorations rapides et la création de nouvelles fontes de caractères. On recense dix décrets royaux relatifs à ces nouvelles fontes entre 1403 et 1516.39) Grâce à ces nouvelles fontes, qu’elles soient en bronze ou en plomb, la publication des livres s’est accélérée, faisant ainsi entrer la Corée du XVe siècle dans l’âge d’or de son développement littéraire et scientifique. Durant la dynastie de Choseon qui a régné de 1392 à 1910, nous relevons 32 moulages de caractères mobiles métalliques et plus de 350 modèles différents dont 60 à 70 types seront réellement utilisés.40) La Corée a même exporté son savoir-faire chez ses voisins, d’abord en Chine, ensuite au Japon. La Chine n’a utilisé les caractères mobiles en bronze qu’à la fin du XVe siècle sous la dynastie des Ming, quant au Japon, il a emprunté la technique typographique coréenne à la fin du XVIe siècle.

    La plus grande raison de cette recherche soutenue dans la fabrication de nouveaux caractères se trouve dans la volonté de conserver les chroniques royales, les livres anciens et de sauvegarder la généalogie et les oeuvres héritées des ancêtres. En fait, la plupart des livres imprimés avec des caractères métalliques en Corée de la dynastie de Chosun sont des éditions royales. De plus, comme le note Thomas Francis Carter,41) l’impression avec les caractères métalliques nécessitait, dans les trois pays d’Extrême-Orient, un important capital. Ce problème de financement serait aussi l’une des raisons importantes pour lesquelles l’impression typographique était généralement réalisée par la cour royale ou le gouvernement.

    Par ailleurs, l’impression au moyen de planches de bois gravées était plus pratique pour les usages privés et commerciaux, parce qu’elle était moins coûteuse grâce à sa fabrication moins compliquée. De plus, elle s’adaptait mieux à la structure non-alphabétique de l’écriture chinoise qui était majoritairement utilisée dans les trois pays d’Extrême-Orient. Dès le XVIIe siècle en Corée, l’impression xylographique est devenue un artisanat populaire permettant aux plus larges catégories sociales de transmettre leur histoire ou leurs connaissances.

    Cependant, le premier bénéficiaire de ce développement de l’impression typographique n’a pas été la langue coréenne. De même que les premiers livres imprimés en France par un procédé typographique étaient des textes religieux écrits en latin, ainsi les premières publications typographiques en Corée étaient des textes bouddhiques ou confucéens rédigés en écriture chinoise. Or, la ressemblance entre ces deux cas s’arrête là. Le pourcentage de publications typographiques en français a dépassé celui en latin dès la deuxième moitié du XVe siècle, un siècle après le commencement de l’impression typographique en France,42) alors que la généralisation de la publication typographique en écriture coréenne a dû attendre beaucoup plus longtemps après l’invention de l’impression typographique au XIIe siècle et même après l’invention de l’écriture alphabétique coréenne au XVe siècle. En fait, la plupart des livres imprimés en Corée sont, même jusqu’au XIXe siècle, des textes rédigés en écriture chinoise.

    Le premier ouvrage écrit en alphabet coréen est le livre de Je Gwoen et ses collaborateurs, intitulé Yongbieocheonga(용비어천가, Ode du dragon s’envolant vers le ciel)(1445), rendant hommage à la famille royale et louant les vertus de ses ancêtres ; soulignons qu’il a été imprimé en 1447 mais sur des planches de bois gravées. En 1447 enfin, le roi Sejong a fait fabriquer une fonte métallique pour l’alphabet coréen afin de publier un livre de sutra traduit en écriture coréenne. Cette fonte, intitulée Seokbo sangjeol hangeul-ja, constitue la première fonte métallique (en bronze) pour l’alphabet coréen.43) C’est avec cette fonte métallique qu’a été imprimé en 1447 le Woelincheongangjigok(월인천강지곡, Chant de la lune brillant sur mille rivières), écrit par le roi Sejong lui-même, dans lequel il fait l’éloge du Bouddha et prie pour le bonheur de la reine défunte, puis en 1449, le Seokbosangjeol(석보상절, Récit commenté de la vie du Bouddha). Ce deuxième ouvrage constitue le premier livre de sutra traduit en écriture coréenne, qui nous est parvenu.44)

    Après la fonte Seokbosangjeolhangeulja(석보상절한글자), encore une dizaine de fontes métalliques ont été fabriquées pour l’alphabet coréen entre le XVe et le XIXe siècles.45) Pourtant, entre temps, la typographie coréenne s’est développée plutôt pour les couches prestigieuses qui conservaient l’usage exclusif de l’écriture chinoise que pour les gens du peuple qui commençaient à jouir de la culture écrite grâce à l’invention de l’alphabet coréen, si bien que le nombre de fontes pour l’alphabet coréen était beaucoup plus limitées que celui des fontes pour l’écriture chinoise.

    Dès le XVIIe siècle, sous l’influence de Silhak(실학, Etude pragmatique), les couches sociales moins aisées ont pu publier des recueils d’écrits de leurs propres ancêtres, mais ces recueils ont été aussi reproduits en écriture chinoise. La typographie n’était pas vraiment parvenue à promouvoir la culture populaire qui aurait pu créer une clientèle plus vaste pour le livre imprimé. Contrairement à l’écriture chinoise, l’alphabet coréen était assez facile à lire pour les gens du peuple, mais la typographie coréenne n’a pas promu la culture écrite par des textes en alphabet coréen. En fait, le monopole de la typographie par des couches sociales limitées a empêché davantage de progrès de la typographie coréenne qui déclinera au XIXe siècle.

    23)M. de Certeau et al., Une politique de la langue – La Révolution française et les patois : L’enquête de Grégoire, Paris, Gallimard, 1975, p.302.  24)H.-J. Martin, op. cit., p.215.  25)André Fabre, Histoire de la Corée, Paris, Langues & Mondes – L’Asiathèque, 2000, pp.218-219.  26)Byeng-Sen Park, Histoire de l’imprimerie coréenne : des origines à 1910, Paris, Maisonneuve & Larose, 2003, p.142.  27)Ibid., pp.146-147.  28)Répandu en Extrême-Orient au milieu du VIIIe siècle, le papier a été importé au Proche-Orient, puis en Europe, par une route similaire à celle de la soie. Capturés lors d’une grande bataille entre Musulmans et Chinois, auprès de Samarkand, les papetiers chinois prisonniers ont révélé aux Arabes les secrets de fabrication du papier. Des lors, les Arabes ont perfectionné cette technique qui a pénétré l’Espagne occupée par les Maures au XIIe siècle. Un siècle plus tard (1276) en Italie, les moulins à papier sont apparus auprès d’Ancône sur la mer Adriatique, ils se sont installés quelques années plus tard dans plusieurs villes italiennes comme Bologne et Gênes. Enfin, dans le premier tiers du XIVe siècle, des moulins à papier sont établis en France et en Allemagne, et au cours de ce siècle, l’usage du papier s’est généralisé à toute l’Europe(Bouyer 1994: 4-6).  29)T.F. Carter, The invention of printing in China and its spread westward, (Second edition, revised by L. C. Goodrich), New York, The Ronald press company, 1925/1955, pp.37-42.  30)Pow-Key Sohn, Early Korean Typography(New edition), Seoul, PoChinChai, 1982/1987, p.122.  31)Ibid., p.125.  32)Ibid., p.126.  33)T.F. Carter, op. cit., pp.212-213.  34)Pow-Key Sohn, op. cit., pp.127-129.  35)Byeng-Sen Park, op. cit., p.95.  36)Pow-Key Sohn, op. cit., p.151.  37)T.F. Carter, op. cit., p.228.  38)Pow-Key Sohn, op. cit., p.153.  39)T.F. Carter, op. cit., p.226.  40)Byeng-Sen Park, op. cit., p.132.  41)T.F. Carter, op. cit., p.232.  42)L. Febvre et H.-J. Martin, op. cit., p.442.  43)Pow-Key Sohn, op. cit., p.154.  44)Byeng-Sen Park, op. cit., p.112.  45)Pow-Key Sohn, op. cit., pp.154-184.

    5. En guise de conclusion: Comparaison entre l'Europe et l’Extreme-Orient

    On constate en Europe que la montée de la bourgeoisie mercantile a coïncidé avec le développement de la typographie qui a agrandi la connaissance de la population générale. Dans ce contexte, l’impression typographique a signifié en Europe l’apparition de l’esprit moderne et la diffusion de la culture écrite par la commercialisation. Comme le note Henri-Jean Martin,46) “les livres imprimés par Gutenberg à Mayence se trouvaient aussitôt répandus à travers l’Europe, qui se couvrait d’ateliers typographiques en une trentaine d’années, sous l’impulsion d’une poignée de bourgeois capitalistes affamés de bénéfices”. L’Europe “se constituait ainsi en un marché où la pensée se vendait et s’échangeait”, alors que, pour des siècles encore, l’Extrême-Orient “demeurait comme immuable”.

    Comme nous l’avons déjà remarqué, en Extrême-Orient, l’impression typographique n’était pas vraiment accessible aux particuliers à cause de problèmes de financement. Les ateliers royaux n’ont pas cessé de produire des livres imprimés au moyen de caractères métalliques mobiles du XVe au XIXe siècle, mais les grandes entreprises sont demeurées du ressort de l’Etat ou du mécénat, et le marché du livre ne s’est jamais véritablement établi. Le système coréen et extrême-oriental n’a jamais connu le succès commercial et a donc été remplacé au XIXe siècle à nouveau par l’impression au moyen de planches de bois gravées. Par conséquent, l’utilisation des caractères mobiles s’est presque éteinte dans tous les pays d’Extrême-Orient au XIXe siècle et l’impression typographique a été réintroduite de l’Occident comme un art entièrement nouveau.47) Dans ce sens, Benedict Anderson soutient que, même si l’imprimerie a été inventée d’abord en Extrême-Orient, longtemps avant son apparition en Europe, elle n’y avait pas encore eu d’impact majeur, sans parler de révolutionnaire, précisément en raison de l’absence de capitalisme, donc d’une importante commercialisation.48)

    Ainsi, l’impression typographique a débuté en Corée dès le XIIe siècle, et la typographisation du coréen est apparue à partir du XVe siècle, mais la véritable typographisation du coréen a commencé beaucoup plus tard. Jusque-là, le développement de la typographie coréenne n’était pas axé sur la production en écriture alphabétique coréenne, de sorte que la question de la grammatisation du coréen était non plus guère évoquée. Comme la typographisation du français est allée de pair avec la grammatisation du français dès le XVIe siècle, ainsi la typographisation du coréen, pour parvenir à maturité, a nécessité une uniformité principalement orthographique mais aussi grammaticale, à savoir la grammatisation du coréen, mais cette dernière ne s’est mise en train qu’à la fin du XIXe siècle. En effet, si l’on scrute de différents livres imprimés en écriture coréenne à partir du XVe siècle jusqu’au XIXe siècle, on peut remarquer que leur orthographe suit les règles assez arbitraires de chaque auteur.

    Par comparaison avec le cas de la France, l’établissement des bases de la conscience nationale par la typographisation du coréen s’est aussi effectué plus lentement. Jusqu’au XIXe siècle, la typographisation du coréen n’a pas suffisamment créé, au-dessous de l’écriture chinoise mais au-dessus du coréen parlé, des champs d’échange et de communication unifiés grâce auxquels les co-lecteurs associés par l’imprimé peuvent former un embryon de communauté nationale imaginée, car la production des imprimés en écriture coréenne était relativement faible. De plus, elle n’a pas procuré au coréen une fixité qui, à la longue, peut contribuer à forger l’image d’ancienneté tellement importante pour l’idée subjective de nation, parce que le niveau de grammatisation du coréen n’était pas assez élevé. En partant de là, nous pensons que la typographisation du coréen n’a commencé à réaliser le véritable développement du coréen écrit, base substantielle du futur coréen national, qu’à partir de la fin du XIXe siècle avec l’essor de l’impression typographique réintroduite par l’Occident capitaliste.

    46)H.-J. Martin, op. cit., p.216.  47)T.F. Carter, op. cit., pp.232-233.  48)Benedict Anderson, op. cit., p.55, note 21.

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